Politique

Woerth: j’ai confiance dans la justice!

Eric Woerth déclarait: “J’ai confiance dans la justice de mon pays” et il a raison!

Gérard Aldigé, procureur de son état, a plaidé pour une relaxe d’Eric Woerth, oubliant les fausses déclarations de l’ancien ministre du budget…

Contrairement aux juges qui ont instruit le dossier Woerth, le procureur Aldigé ne voit aucun trafic d’influence dans cette affaire et s’empresse de préciser pour les mauvais esprits, qu’il n’est pas à la botte de la puissance politique….

« Ce n’est pas une séance de rattrapage », par rapport au premier procès Bettencourt qui s’est tenu il y a un mois, commence Gérard Aldigé. Ce premier dossier, d’abus de faiblesse et blanchiment de fraude fiscale notamment, sera tranché le 28 mai. Le procureur tente d’évacuer la question du financement politique, qui n’a pas pu être établi par les juges, mais que le président du tribunal correctionnel de Bordeaux, Denis Roucou, a tenté de ramener dans les débats… ce qui a donné lieu à des échanges un peu vifs entre les deux magistrats.

Gérard Aldigé qui a oublié les déclarations d’Eric Woerth affirmant qu’il ne connaissait pas Patrick de Maistre avant de reconnaître que si, il le connaissait, n’a pas oublié de charger le fameux Patrick de Maistre… Deux poids, deux mesures, histoire d’équilibrer la balance de la justice.

Pour le procureur, Patrice de Maistre est « un intrigant » :  «ça le valorisait d’employer la femme d’un ministre ». Néanmoins « sa carrière le rendait éligible à l’attribution de la légion d’honneur », avant que l’on ne découvre qu’il avait caché les comptes suisses des Bettencourt.

Gérard Aldigé ne s’est pas non-plus penché sur le passé affairiste des époux Woerth en Suisse…

Gérard Aldigé s’est dit meurtri par certains articles de presse qui ont mis en doute son indépendance. Il conclut : « le parquet n’est pas le bras armé, servile des puissants du moment ».

On se souvient des circonstances rocambolesques dans lesquelles cette affaire d’État avait été retirée au tribunal de Nanterre pour être confiée à celui de Bordeaux, censé être plus à l’abri de possibles pressions.

Or depuis le premier jour, la hiérarchie judiciaire bordelaise a accumulé les décisions contestables et les faux pas, donnant l’impression de n’avancer que sous la contrainte, et de vouloir mettre l’affaire sous l’étouffoir. D’emblée, le chef de la section économique et financière du parquet, jugé trop à gauche car syndiqué, avait été écarté du dossier Bettencourt par le procureur Claude Laplaud.

Encore plus surprenant, le procureur de Bordeaux en personne rendait public le 10 mai un long communiqué pour annoncer des réquisitions de non-lieu en faveur d’Eric Woerth et Patrice de Maistre, cela alors que l’instruction de ce volet est toujours en cours .

Les trois juges d’instruction indépendants chargés du dossier, n’ont pas apprécié, et l’ont fait savoir.

Concernant les six autres personnes épinglées par les juges d’instruction (MM. Sarkozy, Woerth, Courbit, Wilhelm, Thurin, Bonduelle), le parquet, cette fois, fait une analyse diamétralement opposée à celle des magistrats instructeurs et requiert six non-lieux.

En tête des non-lieux, celui de Nicolas Sarkozy, mis en examen en mars pour abus de faiblesse. Dans son réquisitoire, le procureur rappelle d’abord les “faits nouveaux”, survenus selon les juges, entre la première audition de l’ancien président, le 13 novembre 2012, comme témoin assisté, et la seconde, jour de sa mise en examen, le 21 mars 2013. Ces faits “nouveaux” sont nés des “contradictions” entre deux témoignages des deux majordomes des Bettencourt, Bruno Lantuas et Pascal Bonnefoy, explique le procureur. Selon les agendas de Nicolas Sarkozy et d’André Bettencourt, les deux hommes se sont rencontrés le 24 février 2007.

Le majordome Bruno Lantuas, présent le 24 février, se souvient d’un Nicolas Sarkozy en chemise cravate. Mais ce jour-là, l’autre majordome, Pascal Bonnefoy, qui assure avoir accueilli Nicolas Sarkozy vêtu d’un “col roulé noir”, n’était pas de permanence. Devant les juges, Pascal Bonnefoy a donc évoqué une possible “seconde visite”, “sans doute un autre samedi où il était de permanence, peut-être le samedi 10 février 2007”, écrit le parquet. Lors de son audition, poursuit le procureur, Nicolas Sarkozy a maintenu qu’il n’était venu “qu’une seule fois”. “Il s’était souvenu, écrit le procureur, qu’il avait reçu, ce samedi 10 février 2007, au ministère de l’Intérieur, une institutrice victime d’une agression, puis qu’il s’était rendu à 11 h 30 à son QG de campagne rue d’Enghien, et, enfin, pour déjeuner à 13 heures, au Polo de Bagatelle où il avait rencontré, par hasard, Alain Weil, patron de BFM TV, sa femme et ses deux filles, lesquelles avaient souhaité se faire photographier avec lui. Il ne pouvait, en conséquence, soutenait-il, se trouver en fin de matinée du 10 février à la fois chez les Bettencourt, à son QG de campagne, puis au Polo de Bagatelle.”

Le parquet mentionne que les juges ont effectué des vérifications “par consultation du Guide Michelin” estimant à “trente-quatre minutes” le temps de parcours du QG de campagne au Polo de Bagatelle lui permettant bien d’effectuer en chemin une “seconde visite chez les Bettencourt”. Selon les juges, la première visite, du 10 février, aurait eu lieu “cinq jours” après la mise à disposition de Liliane Bettencourt de 400.000 euros et trois jours après la rencontre entre de Maistre et Woerth du 7 février 2007. Les magistrats, explique le parquet, soupçonnent donc l’ancien président d’avoir réclamé et obtenu des fonds de la milliardaire…

le parquet estime pour sa part qu’elles (les charges) ne sont pas suffisantes à l’encontre de Nicolas Sarkozy : “Il n’existe aucune certitude qu’il ait reçu cet argent ou qu’il en ait disposé”, écrit d’entrée le parquet.

Le parquet balaie aussi les autres indices relevés par les juges, comme la mention, sur le journal intime de Banier, d’une phrase de Liliane Bettencourt, qui lui aurait dit que “NS a encore demandé de l’argent”.

NS, qui cela peut-il être?

William Cardspeare