Politique

Sarkozy, Dictateur d’une République bananière.

Ce n’est pas El Dia qui le déclare mais l’écrivain Carlos Fuentes.
Carlos Fuentes soutient L’année du Mexique en France, mais pas le président français qu’il traite de “dictateur de république bananière”.
Florence Cassez empoisonne les relations Franco-Mexicaine et évidemment si elle est innocente, cela paraît la moindre des choses, mais si elle est coupable…
La médiatisation en différé de son arrestation, une justice qui n’est pas infaillible à l’image de la justice française contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, l’affaire Florence Cassez, compagne d’un kidnappeur-assassin n’est probablement pas toute blanche comme on voudrait nous le laisser entendre en France et pas toute noire comme la présente les autorités mexicaines.
Nicolas Sarkozy a décidé de lui dédier L’année du Mexique en France. Lundi, le gouvernement mexicain s’est retiré de l’évènement. Pour l’auteur mexicain Carlos Fuentes, qui s’exprimait mardi 15 février sur la radio Formato 21, faire de L’année du Mexique en France et l’affaire Cassez une seule et même histoire est une “stratégie destinée à redorer le blason du chef d’Etat, Nicolas Sarkozy, en perte de popularité” (El Universal.com). “Lorsque le président français déclare que chaque événement de L’année du Mexique sera introduit par un hommage fait à Florence Cassez, c’est à dire, une personne jugée et condamnée au Mexique, cela transforme la manifestation en un événement politique et judiciaire”, peut-on lire sur Milenio.com. Pour le Prix Cervantes 1987, Nicolas Sarkozy se conduit ici comme le “dictateur d’une république bananière” en quête de popularité. “Les relations culturelles” entre deux pays “sont une chose”, les “relations politiques, judiciaires et diplomatiques en sont une autre” déclare t-il.
Le mélange des genres est la feuille de route du chef de l’état jusqu’en 2012.

Résumé de l’Affaire:

Une jeune femme française est condamnée au Mexique pour complicité denlèvements, de tortures et dextorsions de fonds. Ses avocats, la presse nationale et le Palais de lElysée plaident sa parfaite innocence, sans rien nous révéler jamais des contenus du dossier. Il faut les croire sur parole, et sémouvoir avec eux : la Justice mexicaine est aveugle, expéditive et dénuée de toute humanité Contre-enquête de Sedcontra.

Israel Vallarta Cisneros est le chef dune bande de criminels spécialisés à Mexico dans le rapt des femmes et des enfants de bourgeois aisés, los Zodiacos Une petite bande, sans doute, à léchelle du gangstérisme mexicain : on ne lui attribue que dix enlèvements aboutis et un seul assassinat.

Le dernier forfait des Zodiacos sest produit le 19 octobre 2005 dans une banlieue chic de la capitale. Cristina Rios Valladares et son mari Raul, qui conduisaient leur garçon de onze ans à lécole, sont capturés par trois hommes armés de fusils de guerre, ligotés, jetés à larrière dune grosse 4×4 et conduits les yeux bandés au ranch Las Chinitas sur la route de Cuernavaca le repaire du gang à 29 km de Mexico.

On te sectionne une oreille, ou on te coupe un doigt ?

Le mari est libéré très vite, avec mission de réunir dans les meilleurs délais une rançon de 15 millions de pesos sil veut revoir en vie sa femme et son enfant Il faut croire que cette somme nétait pas si facile à trouver, ou que Raul a pris sur lui dalerter la police : pour Cristina, en effet, lenfer du viol et des tortures psychologiques va durer près de deux mois.

Une jeune et jolie femme aux cheveux clairs, parlant lespagnol avec un net accent français, soccupe généreusement de nourrir les otages et de leur administrer des calmants. Elle sintéresse de près au petit Christian, dans le but évident daccélérer le versement de la rançon : Quest-ce qui te ferait le plus mal, Christian, quon te sectionne une oreille ou quon te coupe un doigt ?

Cette femme est beaucoup moins inhumaine quon pourrait le penser : elle se contente finalement de prélever un verre de sang au garçon, pour y tremper une oreille sectionnée par le gang sur un petit cadavre, et faire porter le tout au père qui tarde imprudemment à sexécuter !

Cristina comprend très vite quelle a affaire à la fiancée (novia) dIsrael Vallarta. Dautant plus vite que le chef du gang provoque chez cette femme de formidables colères chaque fois quil vient bousculer sa victime et en abuser sexuellement : Si tu continues à la sauter, je me vengerai sur elle, et tu nauras pas ta rançon !

Quand lévidence compte pour rien

Cette jeune femme aux cheveux clairs, toute la France la connaît aujourdhui : elle sappelle Florence Cassez 34 ans, originaire de Béthune dans le Pas-de-Calais , et se trouve détenue par la justice mexicaine depuis le 9 décembre 2005, date de son arrestation au ranch Las Chinitas en compagnie de son fiancé Israel Vallarta (photo ci-contre). Date aussi de la libération de Cristina et Christian Rios par un commando de lAFI (Agencia Federal de Investigacion).

La presse française sest émue de son cas, parce que Florence Cassez est condamnée en seconde instance à 60 ans de détention. Pour les familles mexicaines, qui subissent 8000 enlèvements crapuleux chaque année (plus dune vingtaine par jour !), cette peine est pleinement justifiée et doit être accomplie chez eux, où le crime a été commis A qui fera-t-on croire en effet quune fiancée qui soccupe de si près des affaires du gang, dans une maison bourrée darmes et de munitions, une fiancée qui assiste au viol de la mère retenue en otage, lui administre des sédatifs et prélève le sang de son petit garçon, oui, à qui fera-t-on croire que cette femme ignorait tout des agissements criminels de ses compagnons ?

La réponse est simple : on le fait croire aux Français. On le fait croire à Nicolas Sarkozy, qui négocie le transfert de Florence Cassez en France avec le président mexicain, et à Carla Bruni qui est allé visiter sa malheureuse compatriote en prison Lhomme qui sest fait connaître par son courage personnel pour sauver les enfants, lors dune prise dotages dans une école maternelle de Neuilly, assume aujourdhui la défense publique dune complice amoureuse mais parfaitement consciente et extrêment active dodieux criminels mexicains !

Pour soutenir le contraire, il faudrait pouvoir invalider le témoignage de Cristina Rios, celui de son mari et celui de son enfant : une mère violée, un père fou de douleur et un enfant terrorisé, que ses parents conduisaient à lécole quand lhorreur a surgi. Pas facile Le plus simple nest-il pas de les ignorer complètement ?

La voix qui bourdonne aujourdhui encore dans mes oreilles

Laissons donc parler ici la dernière victime du gang, que la presse française et les époux Sarkozy nont pas voulu entendre, bien quelle ait témoigné en détail de son propre calvaire dans la presse mexicaine :

Mon nom est Cristina Rios Valladares. Jai été victime dune prise dotage, aux cotés de mon époux Raul et de mon fils qui avait 11 ans. Depuis ce jour notre vie a totalement changée Ma famille est détruite. Ce que mon fils et moi avons vécu, du 19 octobre 2005 au 9 décembre de la même année, est indescriptible : 52 jours de captivité pendant lesquelles je fus victime dabus sexuels et, avec mon enfant, de torture psychologique

Depuis notre libération, ma famille et moi nous vivons à létranger. Nous ne pouvons pas revenir à cause de la peur, car le reste de la bande na pas été arrêté Nous avons appris la nouvelle de la peine de prison que Florence Cassez méritait, cette femme dont javais écouté la voix à de maintes reprises pendant ma captivité Une voix dorigine française qui bourdonne encore aujourdhui dans mes oreilles. Une voix que mon fils reconnaît comme celle de la femme qui lui pris du sang pour lenvoyer à mon époux, avec une oreille qui lui ferait penser quelle appartenait à son fils.

Maintenant japprends que Florence réclame justice et clame son innocence. Et moi jentends dans ces cris la voix de la femme qui, jalouse et furieuse, hurlait sur Israel Vallarta, son petit ami et chef de la bande, que sil recommençait à sapprocher de moi, elle se vengerait sur ma personne. Florence raconte le calvaire de la prison, mais elle voit sa famille dans le pénitencier, elle émet des appels téléphoniques, elle réalise des interviews pour la presse et elle ne craint pas chaque seconde pour sa vie. (Lettre ouverte de Cristina Rios, traduite de lespagnol par nos soins.)

Il fut un temps où Nicolas Sarkozy, ministre de lIntérieur puis candidat à lElysée, rassurait beaucoup de Français en plaidant lécoute privilégiée des victimes, et la fermeté sans faille des pouvoirs publics contre toutes les formes de délinquance ou de criminalité. Naurait-t-il plus le choix des vraies causes à défendre, depuis quil est devenu Président ?

Emmanuel Barbier/Sedcontra.fr, mars 2009