Politique

Système de santé, un tortillard pour la morgue !

Un lecteur d’El Dia de la Republica, touché par l’article de Ramon Lacontessa L’Euthanasie, un sujet trop sérieux pour la France » nous a fait parvenir un compte rendu précis du calvaire qu’a subi sa mère et du désastre dans lequel est le système de santé français.

une honte pour la France, mais plus grave, pour la dignité humaine. A la lecture de ce récit, on ne peut que ressentir une certaine rage envers le corps médical, qui bien évidement arguera qu’il est soumis à des lois, que sa fonction n’est pas de donner la mort mais de soigner, (ce qu’il fait souvent par dessus la jambe) et qu’il doit faire face à un manque de personnel.

Ce à quoi nous répondrons que tout cela est vrai, mais on peut protester, s’indigner, voir démissionner… Tous les jours nous avons des exemples de populations qui ne respectent pas les lois, qui bloquent la circulation, qui envahissent les propriétés d’autrui etc etc…

Une belle vie qui finit en calvaire.
« Je suis appelé un jour de l’automne 2006 car ma mère vient de faire une embolie, et le médecin du SAMU me déclare qu’il y a peu d’espoir. Je me précipite donc dans l’hôpital, distant de quelques heures de voiture de mon domicile, et je trouve ma chère maman respirant bruyamment, avec le cœur qui bat la chamade ; je m’installe près d’elle afin de lui apporter le réconfort de ne pas être seule dans un moment difficile.

Une aide soignante entra avec une cuvette qu’elle posât sur la table et souhaitât une bonne toilette à la mourante. Un peu interloqué, et maladroitement j’entrepris une toilette de chat afin de rafraîchir la malade. A midi, un autre membre du personnel vint avec un plateau repas et sans un mot pour moi, tourna les talons. Je pensais que quelqu’un allait peut-être venir pour la faire manger puisque l’on ne m’avait rien demandé, ni laissé aucune consigne…

Une demi heure plus tard, on vînt récupérer le plateau qui n’avait pas été touché, et sans un mot, on refermât la porte. J’ai compris à ce moment précis que si je ne prenais pas la vie de ma mère en main, elle allait mourir non pas de l’embolie, mais de faim…

Le lendemain, aucun soin, une visite d’un médecin qui n’en était pas une (5 secondes dans la pièce) et toujours le même rituel pour la toilette et les repas, à la différence que je m’étais transformé en infirmier. Le surlendemain, étant un peu soupe au lait, je me suis emporté contre les médecins, criant au scandale, que cet hôpital portait le nom de mouroir, et que j’envisageais très sérieusement de leur coller un procès. Intrigués par ce fils qui venait de si loin pour veiller sa mère, le corps médical changeât radicalement d’attitude et ce fût un défilé ininterrompu de médecins qui se penchât sur ce cas subitement très intéressant .

La médecine à deux vitesses existe bien en France, je l’ai constaté à maintes reprises, y compris pour moi-même.

Durant un mois, les membres de ma famille et moi-même, nous nous relayâmes afin de ne pas rater un repas, d’acheter des victuailles un peu plus appétissantes que l’ordinaire hospitalier qui ne développe pas un appétit déjà absent.

Après un mois d’hôpital, et deux semaines dans une petite maison de repos, ma mère était redevenue un jeune fille, marchant sans canne, en pleine possession de ses moyens intellectuels (qui étaient grands) et dotée d’un solide appétit.

Conscient de son grand âge, et ne voulant plus la laisser seule, je l’installais dans une résidence hôtelière pour personnes âgées, à cinq minutes de chez moi. Elle s’y fit de nouveaux amis, et tout allait pour le mieux durant un an lorsque un dimanche, elle fit une chute dans le jardin et se brisât le fémur. Transportée à l’hôpital, elle fût opérée le lendemain, et rebelote, même déplorable service, même conséquence, la famille reprit du service.

A noter le manque d’amabilité du personnel, infernal avec tout le monde, et à qui on avait envie de crier, changez de métier.

Des complications survenant au niveau de la cicatrisation, des spécialistes installés à l’étage au dessus devaient venir chaque jour, et en effet au bout de quatre journées, ils arrivèrent s’en échanger un mot ni avec la malade ni avec ma sœur, si ce n’est un bonjour. Résultat de cette visite tant attendue, zéro!

Un mois passât, et ce fût le déménagement en maison de repos pour réapprendre à marcher.

De beaux locaux, un personnel souriant pour m’expliquer le programme de ma mère, nous étions à nouveau sur la bonne voie.
Une journée plus tard, le repas du soir se prenant dans la chambre, je décidais que je ferais ma visite une fois par jour, (la maison de repos se situant à quarante minutes de chez moi) et à l’occasion du dîner pour la faire manger.

Deux jours plus tard, je sentis que quelque chose n’allait pas, et malgré la gêne, mais grâce à une certaine complicité médicale qui s’était installée entre nous, ma mère m’expliquât que l’on pouvait sonner toute la journée et que personne ne venait. Elle voulait donc demander de l’aide pour aller aux toilettes, et lorsque enfin il eut un interlocuteur, on lui répondit qu’elle avait une couche et qu’elle devait faire dedans.

Pour la dignité ce n’est pas le mieux, mais pire après quatre ou cinq jours, elle développât une infection sur les fesses et à l’aine, qui la fit souffrir atrocement. Un midi je reçus un appel au secours de ma pauvre maman et je décidais de l’évacuer chez elle, embauchant infirmières, aides de vie, kiné, ainsi qu’un lit médicalisé. Grâce à ce personnel privé, à des amis médecins que je ne remercierais jamais assez, on vînt à bout de ces plaies occasionnées par le manque d’hygiène de la maison de repos, qui soit dit en passant est un vrai scandale.

A chacune de mes visites, en arpentant le couloir, ce n’était que des appels au secours de pauvres vieux abandonnés, et à chaque fois je me suis transformé en garçon d’étage pour leur apporter un peu de réconfort en promettant que j’allais leur envoyer quelqu’un. Le docteur, responsable de cet établissement m’a demandé sans rire si c’était prudent qu’elle rentre chez elle après une semaine passée dans son mouroir…

Alors que nous avions gagné la partie pour ce qui la faisait tant souffrir, c’est l’opération du fémur qui s’infectât, et ce fut à nouveau le départ pour la clinique. Visiblement les médecins étaient perplexes, ne donnant que des anti-douleurs, de la morphine à petite dose alors que ma mère souffrait le martyr.

Cela dura une semaine ou elle perdît toutes ses forces, me suppliant de mettre fin à ses souffrances, ce que les deux médecins désapprouvèrent violement.

J’ai demandé aux docteurs pour leur épargner toute responsabilité, qu’il m’indique simplement ce qui serait dangereux pour ma mère, à charge pour moi de faire le nécessaire. On le prit de haut, m’expliquant que ce n’était pas le genre de la maison.

Deux jours plus tard je suis revenu à la charge, et j’ai obtenu un minimum de réflexion de la part de ces médecins qui ont convenu que ma mère ne sortirait pas vivante de la clinique, et ont accepté d’augmenter un peu les doses de morphine et d’anti-douleur.

N’ayant jamais perdu conscience, dormant heureusement beaucoup, cette femme a vécu un enfer pour terminer sa vie, uniquement du fait de la lâcheté des hommes.

Du mépris pour le corps médical français, c’est certain, de la haine peur-être… »

Après ce témoignage, on ne peut que le jour des élections se tirer une balle dans le pied, en attendant de s’en tirer une dans la tête lorsque la fin est inéductable…